LA DÉCONNEXION

Déconnexion : Une vraie libération ou un nouveau stress ?

Je l’avoue, me déconnecter n’est pas toujours facile.

Comme beaucoup, je me suis habituée au rythme effréné des notifications, des emails et des interactions numériques. Pourtant, plus je suis immergée dans ce monde, plus je ressens le poids de la surcharge mentale et cette difficulté à trouver un espace pour simplement respirer.

C’est là que j’ai commencé à m’intéresser aux mécanismes qui nous rendent si dépendants à nos écrans et surtout aux paradoxes qui compliquent la transition vers une déconnexion réellement bénéfique.

Car en théorie, déconnecter devrait être une libération. Pourtant, dans la pratique, cela peut devenir une source de stress supplémentaire.

Ce paradoxe est frappant : une pause digitale est censée permettre de se détacher, mais elle engendre souvent le besoin de compenser une fois reconnecté, avec une consommation excessive d’informations pour « rattraper le temps perdu ».

Il y a aussi cette sensation étrange de culpabilité lorsqu’on décide de s’éloigner du numérique. Le syndrome du FOMO (Fear of Missing Out) nous pousse à rester joignables, par peur de manquer une information cruciale ou une opportunité.

Et puis, il y a cette ironie : nous utilisons des outils numériques pour nous aider à nous déconnecter. Les applications de méditation, les gestionnaires de temps d’écran, les notifications de pause… Tout repose sur la technologie pour nous libérer de ses effets néfastes, et il devient difficile de vraiment s’en détacher.

Enfin, une dernière illusion nous piège : celle du contrôle. Se fixer des limites d’utilisation semble efficace, mais les algorithmes sont justement conçus pour capter notre attention et nous ramener en ligne sans que nous en ayons pleinement conscience.

Tout cela s’explique par des mécanismes neurobiologiques bien connus. La dopamine, par exemple, joue un rôle clé dans notre rapport aux écrans. À chaque notification, chaque « like », chaque message, notre cerveau active son système de récompense, nous incitant à revenir encore et encore. Contrairement aux plaisirs naturels comme le sport ou la lecture, ces gratifications numériques sont immédiates, ce qui renforce leur pouvoir addictif. L’effet est encore plus puissant lorsque l’incertitude entre en jeu : ne pas savoir si un message intéressant nous attend nous pousse à consulter nos appareils compulsivement.

La validation sociale amplifie ce phénomène. Un commentaire, une interaction numérique, et la dopamine est de nouveau libérée, créant une boucle de dépendance difficile à briser. Peu à peu, notre cerveau s’adapte à ce fonctionnement, réduisant notre capacité à apprécier des activités qui nécessitent une gratification plus lente et profonde.

Mais la dopamine n’est qu’un des éléments qui renforcent l’hyperconnexion. En réalité, notre cerveau est affecté de multiples façons :

  • La surcharge cognitive, causée par le multitâche constant, diminue notre capacité de concentration et nous épuise mentalement.
  • Le stress, via une augmentation du taux de cortisol, fragilise notre système nerveux et nous rend plus vulnérables à l’anxiété.
  • La lumière bleue des écrans perturbe la sécrétion de mélatonine, impactant profondément la qualité du sommeil.
  • Enfin, l’usage excessif du numérique modifie la plasticité neuronale, affectant nos capacités de mémorisation et nos interactions sociales.

Alors, que faire ? Plutôt que de voir la déconnexion comme une contrainte, j’ai compris qu’il faut l’envisager comme une réorganisation consciente de notre attention. Il ne s’agit pas de rejeter le numérique, mais d’en reprendre le contrôle, en adoptant des habitudes qui allègent la charge mentale au lieu de l’alourdir. Mettre en place des plages horaires sans écran, créer des espaces sans technologie, et instaurer une culture de la déconnexion respectueuse, notamment en entreprise, sont autant de moyens de retrouver un équilibre.

Finalement, la déconnexion n’est pas une rupture brutale mais une réconciliation avec soi-même. Elle nous invite à repenser nos usages, à mieux gérer notre énergie mentale et à restaurer ce lien avec le temps réel—celui qui ne se mesure pas en notifications.

Trouver cette harmonie est sans doute l’un des grands défis de notre époque.

 

Mar Escribano Quiñonero
Experte en environnement de travail

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